Je me lève comme prévu à 5 heures. Il fait encore nuit. Je me prépare vite fait et je descends prendre mon petit déjeuner. Apparemment, je suis le premier debout. Le serveur me répond qu'il y a un petit groupe qui est parti à 4h30 ce matin. Je dis au revoir et commence à marcher vers 5h20. Il fait frais mais moins froid que je ne l'imaginais. Les nuages sont bas. Le jour doit se lever car il fait suffisamment clair pour se diriger. Il faut tout d'abord descendre en bas du village pour retrouver la piste des bus. Je la suis durant deux kilomètres en longeant le rio jusqu'au pont de Puente Ruinas. Il faut compter 20 petites minutes. Pour le moment je marche tout seul, c'est plutôt calme. Je suis contraint de mettre ma parka car il tombe quelques gouttes de pluie. Ce n'est pas très bon signe. Au bout d'un quart d'heure, les premiers bus commencent à monter. Un toutes les cinq minutes. Avant de passer le pont métallique, il faut montrer son billet et son passeport à un poste de contrôle. Une fois passé le pont, il va falloir grimper 400 mètres par un sentier qui coupe les lacets de la piste des bus. Le chemin est très bien balisé. Il monte raide mais il y a des marches en pierre, ce qui aide pas mal. Je rentre dans les nuages. Je ne vois que quelques mètres devant moi. Espérons que là-haut, il fera meilleur. Je croise quelques groupes de marcheurs. Tous sont accompagnés d'un guide. Il semble que je sois le seul marcheur solitaire. Je dépasse un groupe de jeunes français. Ils rigolent en pensant à la réaction de leurs amis en France lorsqu'ils verront leurs photos du Machu Picchu dans le brouillard. "T'étais en Bretagne ?" "Ta gueule !" Les guides nous motivent en disant que ça peut se lever d'une minute à l'autre. Tout au plus, une heure. On va y croire. Je continue mon ascension dans la brume. La vue est sans doute belle mais aujourd'hui, il faudra se contenter de l'imaginer. On entend les bus qui passent à espace régulier. J'arrive à 7 heures à l'entrée du parc, toujours dans les nuages. J'ai une heure devant moi pour aller faire un tour sans le guide. On peut entrer et sortir du parc autant de fois qu'on le désire. Je monte sur le mirador qui surplombe tout le site et là, c'est la purée de pois. On n'y voit pas à dix mètres. Un américaine derrière moi dit à son guide qu'elle n'a décidément pas de chance. Elle a vu le Corcovado de Rio de Janeiro dans les nuages et pareil pour la tour Eiffel. Je me retourne vers elle et lui demande "Mais pourquoi vous êtes venue aujourd'hui ?" Son guide se marre. Il n'y a pas grand chose à voir. On devine à peine les terrasses. Je redescends donc à l'entrée et retrouve mon guide. Il y a plus de 300 personnes qui attendent. Une vingtaine de personnes par guide. Non, décidemment, ce genre de visite guidée n'est pas fait pour moi. Je préfère me passer des commentaires et aller visiter les lieux tout seul. Comme tout le monde va dans le même sens, c'est à dire dans le sens des aiguilles d'une montre, je vais aller dans l'autre sens. Je suis donc tout seul, avec d'autres solitaires comme moi. Le ciel a l'air de se dégager un peu. On commence à apercevoir doucement les ruines. L'ambiance est assez féerique mais ce n'est pas encore génial pour les photos. Puis, petit à petit, on y voit de plus en plus clair. Il y a plusieurs lamas qui broutent l'herbe des terrasses. C'est pratique comme tondeuse. Je vais voir le pont de l'inca qui se trouve de l'autre coté de la colline. Il faut marcher une petite demi-heure. On y voit beaucoup mieux de ce coté là. Le pont, fait de rondins de bois, permettait de passer à flan de falaise. C'est assez impressionnant. Puis, je reviens vers le site pour gravir le Wayna Picchu, la colline qu'on voit sur toutes les cartes postales qui surplombe le site. L'entrée pour monter au sommet de cette colline est limitée à 400 personnes par jour. Il fallait s'inscrire dès l'achat du billet, ce que j'ai fait. Mais certaines personnes râlent car elles ont oublié cette formalité et ne peuvent donc pas monter. J'espère que le ciel se dégagera lorsque je serai là-haut. Il faut grimper 400 mètres par un chemin assez raide. Parfois, on peut s'aider d'un filin d'acier. Arrivé là-haut, j'ai la chance d'apercevoir le site entre deux nuages. Mais à peine quelques secondes. Le temps de prendre une ou deux photos. Je ne serai pas monté pour rien, c'est déjà ça. En redescendant, la pluie recommence à tomber de plus en plus fort. Je vais me réfugier à la cafétéria de l'entrée. Il y a foule. Elle attend, comme moi, que la pluie s'arrête. Mais elle dure plus d'une heure. J'achète une bouteille d'eau huit fois le prix normal. Ben voyons, pourquoi se gêner. Une grande partie des touristes se résigne à reprendre le bus pour rentrer. Il est 14 heures et mon train ne part qu'à 19 heures. J'ai encore le temps de patienter un peu qu'un miracle arrive. Et effectivement, vers 15 heures, en quelques secondes, la pluie s'arrête enfin et un petit vent pousse les nuages. Le peu de touristes qui est resté se précipite alors pour aller voir le site dans son ensemble. J'ai le Machu Picchu pour moi presque tout seul. C'est superbe. Je mitraille. J'ai le droit à une bonne demi-heure de temps clair. Mais toujours pas de soleil. Faut pas exagérer non plus. Puis des nuages remontent doucement de la vallée et c'est reparti pour la purée de pois. Mais il ne pleut plus. Je peux donc redescendre à Aguas Calientes à pied par le même chemin qu'à l'aller. Je ne rencontre personne. Sans doute, les autres marcheurs sont-ils redescendus en bus ? Il me faut à peine une demi-heure pour rejoindre le pont métallique. Là, je trouve une urugayenne complètement crevée qui n'arrive plus à mettre un pied devant l'autre. Je la motive pour les derniers kilomètres de piste à faire. Nous arrivons enfin à Aguas Calientes vers 17 heures. J'ai largement le temps de manger un bout avant le départ de mon train. Une omelette au poulet et une cerveza. Je vous passe l'addition. Le train arrive et déverse ses centaines de touristes qui prennent notre relais. Dans le train, tout le monde dort ou presque. Je suis avec un groupe de jeunes argentins plutôt sympathiques. Ils me vantent la beauté de leur pays. Je suis au courant. Arrivés à Ollantaytambo, rebelote pour trouver son bus et retour vers Cuzco dans la nuit. J'ai des américains dans mon dos qui n'arrêtent pas de papoter. Impossible de dormir. Nous arrivons bien crevés à Cuzco vers 23 heures. Je retrouve mon hôtel mais, malheureusement, pas ma belle chambre. On m'en donne une autre avec une très belle vue aussi. Donc, tout va bien. Je m'écroule. Demain, c'est journée de repos. Ouf !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire