jeudi 29 mars 2012

La piste de Chincheros

Dormir dans les transports en commun, je n'y arrive pas. J'ai pourtant mis mon oreiller gonflable, mes boules Quiés et mon masque, rien y fait. Et je ne suis pas aidé par la route. Elle tourne sans arrêt. Nous avons le droit au goudron jusqu'à Abancay, puis c'est une piste défoncée jusqu'à Andahuaylas. Nous mettons plus de 9 heures pour parcourir 340 kilomètres. Je comprends pourquoi les touristes ne prennent pas cette route. Nous arrivons enfin à Andahuaylas vers 5 heures du mat. Crevé. Un tricycle à moteur me propose de m'emmener à la gare routière pour un sole. J'accepte. Le chameau parcourt à peu près cent mètres et me dit que c'est là. Je lui demande s'il ne s'est pas un peu foutu de ma gueule. Il sourit. Allez, je suis trop nase pour discuter. Par chance, il y a un bus qui part pour Ayacucho dans une heure. J'en profite pour prendre un café dans le petit boui-boui de la gare. Enfin, on va dire de l'eau qui a le goût de café. Le jour se lève. On voit apparaître les montagnes tout au tour. Par contre, le village n'a pas l'air terrible. Le bus part avec une demi-heure de retard car il attend une correspondance. Finalement, nous voilà partis. Le trajet fait environ 260 kilomètres et va durer 10 bonnes heures. La route est en très bon état jusqu'à Chincheros. En fait, le goudron est tout récent. On voit des éboulis de talus un peu partout car certains nouveaux terrassements n'ont pas tenu. Elle tourne énormement. Vais-je arriver à ne pas vomir ? Faut pas y penser. J'écoute de la musique sur mon mp3. Les paysages sont splendides. C'est montagneux et verdoyant, un peu comme en Auvergne. Il y a de jolies petites fermes un peu partout. Nous n'arrêtons pas de monter et de descendre. Nous passons des cols à 4 000 mètres d'altitude pour redescendre dans des vallées à 2 500 mètres. Un peu avant d'arriver à Chincheros, le goudron s'arrête. Il faut traverser le chantier des travaux de la nouvelle route. Beaucoup d'ouvriers pour réaliser les terrassements, les bas-cotés et les petits ouvrages d'art. Maintenant, fini la rigolade. Nous entamons la piste. Il faut avoir le coeur et l'estomac bien accrochés. La piste passe à flan de montagne avec des précipices incroyables. Le pire, c'est lorsque nous croisons d'autres véhicules, notamment les gros camions. Comme elle est à peine assez large pour deux, il faut obligatoirement que l'un recule pour laisser passer l'autre. Des fois, ça peut prendre du temps. Quand deux camions se croisent dans un tournant, je ne vous raconte pas la frayeur. Dans les courbes, comme je suis juste derrière le chauffeur et que l'essieu des premières roues est derrière nous, j'ai parfois l'impression que nous sommes au-dessus du vide. Faut avoir les nerfs solides. A mi-chemin, nous sommes arrêtés par un barrage de flics armés jusqu'aux dents. Ça fait flipper. Contrôle des papiers et fouille méticuleuse du bus. Tous les bagages sont ouverts. Ils recherchent des produits de contrebande et de la drogue. Il parait que la région est pleine de trafiquants. Ils trouvent deux lecteurs de dvd portables neufs sans facture qui viennent très certainement de Bolivie. Les deux femmes à qui ils appartenaient sont en larmes. Deux pauvres paysannes qui ont sans doute payé ces matériels une fortune pour elles. La fouille dure au moins une heure. Ça ne rigole pas. Je n'ose pas sortir mon appareil photo. Ça risquerait de les énerver. Mais cette pause permet à mes nerfs et à mon estomac de se reposer un peu. C'est pas si mal. Je demande à mes compagnons de voyage si ce type de contrôle est fréquent. Ils me disent que oui. Puis on repart. Ça rigole dans le car. Certains ont dû réussir à passer des trucs. Les paysages sont magnifiques. Je tente quelques photos à travers la vitre mais comme elle est sale, je ne suis pas sûr du résultat. Ça fera des souvenirs. Vers midi, nous nous arrêtons dans un petit village pour déjeuner. Mon estomac étant tout retourné, je n'ai pas très faim. Mais il faut se forcer. J'achète deux bananes et un petit morceau de pain à une petite commerçante qui tient une échoppe sur le trottoir. Par contre, j'évite de boire. Sinon, rejet inévitable. Nous voilà reparti. Cette fois, nous grimpons très haut, à  4 400 mètres, sur l'altiplano. Paysages complètement différents. Grandes étendues désertiques verdoyantes. Nous retrouvons les lamas. Apparemment, il n'y a que des bergers qui vivent dans ces parages. Nous retrouvons enfin le goudron en arrivant sur les hauteurs d'Ayacucho. Très beau panorama. La route redescend gentiment. Nous voilà enfin arrivés. Je suis naze. Je trouve assez rapidement un hôtel près la Plaza Major. Une chambre calme au fond d'un patio. Je vais dîner rapidement en ville puis dodo. Quelle journée éprouvante mais magnifique !

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