Il y a une vingtaine d'années, la ligne qui allait d'Ibarra à San lorenzo, sur la côte pacifique nord, fonctionnait encore. Mais suite à des pluies torrentielles, un bout de montagne s'est effondré sur la voie ferrée au niveau de Salinas, à 40 kilomètres au nord d'Ibarra. Le trafic a été interrompu depuis. Mais il y a peu, l'état a remis en état un bout de la ligne entre Ibarra et Salinas pour promener les touristes. D'abord se fut un autorail, une sorte de bus sur rail. Maintenant il s'agit d'une vraie locomotive au fioul avec deux wagons marchandises et deux wagons passagers. Certes, c'est très touristique mais il parait que les paysages sont splendides. On va voir ça. Ce matin, il fait plutôt beau. Tant mieux. Le départ a lieu à 10 heures dans la petite gare située non loin de notre hôtel. Valérie, Franck et moi y allons à pied. Nous prenons un petit café à la buvette de la gare en attendant le départ. Apparemment, nous sommes les seuls touristes étrangers. Les autres passagers sont des touristes équatoriens, assez aisés semble-t-il. Toutes les places des deux wagons sont occupées. A priori, ça marche bien leur affaire. Comme j'ai réservé hier soir au dernier moment, je ne suis pas dans le même wagon que mes deux acolytes. Ce n'est pas grave, on se retrouvera à Salinas. Ce sont des vieux wagons en bois qui ont été retapés à neuf. Les sièges sont plutôt confortables mais c'est assez bruyant. Cette activité ferroviaire fait travailler et vivre pas mal de monde. Les cheminots bien sur, mais aussi les guides, les gars de l'entretien, de la sécurité et toutes les activités annexes. Il y a cinq trains par semaine. Tous les jours sauf le lundi et mardi. Deux types par wagons sont postés à l'extérieur ou sur le toit pour la sécurité. Il y a aussi une voiture qui précède le train pour arrêter les voitures aux passages à niveau. Car bien entendu, il n'y a pas de barrières automatiques. Nous traversons d'abord la ville sous l'oeil amusé des passants. C'est marrant comme le train fascine. La voie est relativement en bon état. Ça ne tangue pas trop. L'ambiance à l'intérieur de mon wagon est joviale. Un petit air de fête. Nous quittons les faubourgs de la ville. Les paysages commencent à devenir sympas. Nous allons descendre 600 mètres de dénivelé jusqu'à Salinas. Nous passons plusieurs ponts et tunnels. Il y a comme un petit coté western. Au début, ce sont surtout des paysages de montagnes et de prairies. Au fond de la vallée coule un rio. Puis les montagnes deviennent de plus en plus arides. Paysages magnifiques. A l'intérieur de chaque wagon il y a un guide qui fait ses commentaires sur la région. Malheureusement, on entend pas grand chose avec le bruit ambiant. Le mien, un noir très sympa, parle un peu le français. Ça lui fait plaisir de venir me donner la traduction de ses explications. Il m'explique qu'il veut se perfectionner en français. Il prend des cours pour ça. En tout cas, il se débrouille très bien. Plus on descend, plus on sent la chaleur qui monte. On retire les pulls. Puis dans la plaine, avant d'arriver à Salinas, nous découvrons les champs de cannes à sucre à perte de vue. Du vert partout. Le trajet ne dure pas très longtemps. Une heure et demie. Salinas est un village tranquille, voire très tranquille. Il parait désert. Il vit essentiellement du train et de la canne à sucre. Ce qui explique qu'une grande partie de la population soit noire. Un héritage de l'esclavage. A notre arrivée, nous sommes accueillis sur le quai de la gare par une troupe de danseurs noirs avec un petit orchestre. C'est touristique mais sympathique. Puis nous allons visiter un petit musée qui explique comment on fabriquait du sel à l'époque. En effet, la terre de Salinas est très salé. D'où son nom. Il y avait donc une petite production de sel. Maintenant c'est fini. C'est plus facile de le faire venir de la mer. Mais c'est intéressant de voir comment ils extrayaient le sel de la terre en la filtrant avec de l'eau. La visite terminée, nous allons détjeuner dans un petit restaurant communautaire. Ce n'est pas de la grande cuisine mais ça cale. Durant le repas, des enfants noirs viennent chanter et faire de la musique avec des tambours. Bonne ambiance. Les touristes adorent. Finalement, ce petit train crée pas mal de petits boulots. C'est plutôt une bonne chose. Après le repas, je vais prendre quelques photos dans le village. Les gens sont gentils comme tout. Vers 16 heures, retour à la petite gare où le train nous attend. Nous prenons le chemin inverse. Valérie et Franck m'ont rejoint dans mon wagon car il y a de la place de libre. Un famille est repartie en voiture. Bizarrement, mon guide m'explique que le train va aller plus vite au retour en montant qu'à l'aller en descendant. En effet, il doit aller plus doucement dans la descente pour économiser les freins. Comme la lumière a changé, les paysages ont l'air différents. C'est vraiment magnifique. Nous arrivons à la gare d'Ibarra vers 17 heures. Je ne regrette vraiment pas cette journée. C'était très sympa. Je quitte mes deux compagnons de voyage. Valérie part pour la Colombie et Franck doit retourner à La Paz pour prendre son avion jeudi prochain. Trois jours de bus. Je lui souhaite bon courage...
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