Je me lève tôt car il faut que je prenne mon bus ce matin pour Huancayo. Il part à 8 heures. Je regrette de partir si vite d'Ayacucho. C'était une ville bien paisible où l'on resterait bien pour se reposer. Mais il n'y a pas grand chose à faire et puis, l'air de rien, le temps passe. Cela fait déjà un mois que je suis au Pérou et il y a encore plein de trucs à voir. J'ai préféré prendre le bus de jour pour voir les paysages. Le trajet dure 10 heures pour à peine 260 kilomètres. Il y a 30 kilomètres de goudron au début jusqu'à Huanta, puis 160 kilomètres de mauvaise piste puis enfin 70 kilomètres de bon goudron pour arriver à Huancayo. Comme toutes les boutiques sont fermées en ville, je vais prendre mon café à la gare routière. Gare toute neuve d'ailleurs. Ce qui n'est pas le cas de mon bus, mais je comprendrai tout à l'heure pourquoi. Nous partons à l'heure. J'avais réservé une place au milieu du bus car je ne voulais plus être derrière le chauffeur. Je ne sais pas pourquoi, mais ils mettent systématiquement un rideau entre la cabine chauffeur et les passagers. Comme s'ils ne voulaient pas qu'on regarde la route. Résultat, les places de devant ne sont pas très agréables. Or cette fois, justement, il n'y a pas de rideau. Comme je vois qu'il y a une place de libre devant, je la prends discrètement. C'est quand même mieux d'avoir le panorama devant soi. Jusqu'à Huanta, la route est bonne. Après, ça se gâte. La piste est bien défoncée, pleins de nids de poules. Je comprends mieux l'état du bus. Elle est creusée à flan de montagne et longe le rio Mantaro qui lui-même se jettera plus loin dans l'Amazone. Le volume d'eau qui coule est énorme. La route est à peine assez large pour laisser passer deux véhicules. Des fois, je me demande même si elle est assez large pour un seul. Le croisement de camions est impressionnant, surtout pour celui qui est obligé de se serrer du coté du ravin. Il ne faut pas s'étonner de voir parfois des croix au bord de la route. De temps en temps, on traverse des torrents qui descendent de la montagne et qui au passage, ont complètement défoncé la route. Les paysages, genre far-west, sont jolis. De belles gorges et de temps en temps, des petits villages isolés autour de champs cultivés. Parfois, nous sommes obligés de descendre du bus pour les passages délicats. Les chauffeurs sont de vrais pros et n'ont peur de rien. Vers 14 heures, nous nous arrêtons de un petit village pour déjeuner. Poulet et riz tièdes au menu. Je discute un peu avec mes voisins de tablée. Je leur demande si, un jour, ce route sera goudronnée ? Ils me répondent que ça ne risque pas d'arriver car c'est "la route des oubliés". A part les paysans du coin, ça n'intéresse personne. Il commence à faire chaud dans le bus. Mais il y a tellement de poussière que j'hésite à retirer une couche. Juste avant d'arriver au goudron, nous sommes arrêtés à un barrage de police. Même scénario que la dernière fois, contrôle d'identité et fouille méticuleuse des bagages. Comme je suis le seul étranger à bord, ils sont très gentils avec moi et ne fouillent même pas mon sac. Je ne dois pas être leur cible. Une fois toutes les cartes d'identité vérifiées sur l'ordinateur, nous repartons. Nous rejoignons enfin la belle route goudronnée. Les chauffeurs soufflent. Nous aussi. Quelle belle invention que l'asphalte ! Nous remontons alors vers les hauts plateaux. Huancayo se trouve à 3 300 mètres d'altitude. La route est sinueuse. Elle doit être récente. Magnifique couché de soleil sur les champs en terrasses. Vers 18 heures, nous arrivons enfin à destination. Par chance, le bus s'arrête près du centre ville. Je trouve par hasard une chambre au cinquième étage d'un hôtel avec ascenseur. Huacayo est une ville moderne avec des immeubles en béton. Apparemment sans grand charme ni intérêt touristique. Je ne pense pas y rester longtemps. Comme il n'est pas tard, je vais me promener un peu en ville. A la cathedrale, c'est la sortie de la messe des rameaux. Je vais dîner dans un petit resto sur la Plaza de Armas. Des brochettes de poulet. Puis je retourne tranquillement à mon hôtel. Le wifi ne monte pas jusqu'au cinquième étage. Les photos et le blog attendront.
toujours aussi passionnant. On est avec toi tout le temps de la lecture et je me cramponne à ma chaise dans les passages au bord du ravin!
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